Samir (pseudonyme) était poursuivi ce mercredi 8 novembre 2016 devant le tribunal correctionnel de MONTARGIS pour homicide involontaire et blessures involontaires avec, pour ces deux infractions routières, deux circonstances aggravantes : alcool et stupéfiants.

L’histoire est d’autant plus tragique, que Samir était le conducteur du véhicule impliqué seul dans cet accident qui a couté la vie à son meilleur ami qui était passager, Paul (pseudonyme) et qui a définitivement paralysé son autre ami d’enfance, Abdel (pseudonyme).

L’affaire est grave et vient de surcroit, juste après une autre affaire d’homicide involontaire dans laquelle le prévenu avait “maquillé” l’accident pour faire croire qu’un autre était au volant.

L’affaire de Samir est enfin traitée. Les avocats s’avancent et se présentent. Le cabinet BENEZRA représente les intérêts de Samir, un cabinet tiers à forte réputation représente les victimes, et enfin, un autre avocat représente les intérêts de l’assurance du véhicule.

Samir est alors appelé à la barre par la Présidente du Tribunal correctionnel de MONTARGIS qui contrôle son état civil et lui rappelle les lourds chefs de poursuite qui pèsent contre lui.

“Monsieur, vous êtes poursuivi pour homicide involontaire sur la personne de Paul… avec les circonstances aggravantes d’alcool au volant et de stupéfiants au volant… et pour blessures involontaires sur la personne de Abdel avec une ITT supérieure à 3 mois… avec les mêmes circonstances aggravantes (alcool et stups).”

La présidente rappelle de surcroit les dix mentions présentes sur son casier judiciaire et toutes pour des infractions au code de la route. La tension est palpable dans la salle. Il y a en effet les trois familles réunies, celle de Paul avec pas moins d’une dizaine de personnes et celle de Abdel comprenant une vingtaine de personne. Abdel n’a pas pu venir. Il est depuis son accident paraplégique et avait des soins importants à réaliser cette matinée.

L’avocat des parties civiles avait prévenu :

” Nous ne souhaitons  pas vous enfoncer et nous ne remplacerons pas le Procureur”

Néanmoins, l’avocat des parties civiles n’avait pas manqué de verser les photos d’Abdel montrant ses difficultés.

La présidente du tribunal de MONTARGIS rappelle les faits et surtout les circonstances de cet accident : une grosse consommation d’alcool en boite de nuit et une consommation, la veille de stupéfiants.

Samir tente de se justifier :

“J’étais le moins alcoolisé des trois, je n’avais bu que trois verres”

La présidente lui pose alors une question lourde de conséquences :

“Présidente : Monsieur considérez-vous que vous avez une addiction ?”

“Samir : Non”

“Présidente : combien de fois par semaine consommez-vous des stupéfiants ?”

“Samir : tous les soirs pour m’endormir mais maintenant j’ai arrêté”

“Présidente : Considérez-vous alors que vous aviez une addiction ?

“Samir : Non”

La salle s’échauffe et c’est le brouhaha …

Maître Benezra interpelle la présidente

“Benezra : Il ne comprend pas la question… Considérez-vous que vous êtes faible et que vous n’arrivez pas à arrêter ?”

“Samir : Ah oui oui c’est ce que je veux dire, je n’arrivais pas à m’arrêter. Après l’accident j’ai eu un choc émotionnel et j’ai entrepris des démarches”

“Présidente : c’était trop tard Monsieur, il aurait fallu y penser avant, les dizaines de fois où vous vous avez été condamné pour conduite sous l’emprise de stupéfiants”

Samir s’effondre en larmes, se retourne vers les familles en demandant pardon. Le père de Paul, très digne lui fait un signe de la tête comme s’il acceptait son pardon au nom de l’amitié qui liait les trois amis d’enfance.

La présidente continue l’instruction du dossier (passage assez long supprimé car confidentiel en terme de stratégie de défense) (…)

L’avocat des parties civiles, des victimes donc, prend la parole pour sa plaidoirie :

“3 histoires brisées à cause de l’alcool, …”

Le procureur prend ses réquisitions :

“voilà une personne… vous le condamnerez à 4 ans fermes”

L’avocat de la défense, Maître Benezra prend la parole en dernier :

“Aucun mot, aucune excuse, aucune indemnisation, RIEN, ne pourra compenser la disparition de Paul …” 

En cas de poursuites dirigées contre vous ou l’un de vos proches, contactez-nous, sans engagement.

Pour aller plus loin, consultez : la FICHE HOMICIDE INVOLONTAIRE et notre page HOMICIDE INVOLONTAIRE

Michel BENEZRA, avocat