Patrick était poursuivi pour un homicide involontaire… Reproduction résumée

J-30 :

Voilà plus d’un an que Patrick avait été impliqué dans un accident mortel de la route.

Il se rendait à son travail comme à son habitude et empruntait cette nationale, le jour était en train de se lever mais la route était éclairée.

Il suivait un véhicule monospace sur la file de droite et à l’approche d’un feu rouge clignotant qui était au vert, le véhicule s’est brusquement écarté vers la gauche, lorsqu’une personne était sortie de nulle part et s’est retrouvée au milieu de sa route.

Patrick compris alors, mais trop tard, que le véhicule devant lui avait fait une manœuvre d’évitement du piéton. C’était une femme d’une trentaine d’années qui devait sortir d’un bar aux alentours.

L’impensable s’est alors produit, Patrick percutait la femme et la projetait en l’air. Elle décèdera quelques heures plus tard. Tout est allé si vite, Patrick, pompier volontaire, descendit immédiatement de son véhicule accidenté pour aller porter secours à la victime alors que l’homme du véhicule de devant qui avait réalisé la manœuvre d’évitement a sécurisé les lieux et contre toute attente avait déplacé le véhicule de Patrick alors que dans ces circonstances, Patrick le savait, il ne fallait surtout pas déplacer le véhicule afin de permettre toute expertise utile. Patrick se rappelait aussi comment l’homme du véhicule était lâchement parti avec son passager en laissant Patrick avec ses problèmes avec cette phrase qu’il se repasse en boucle dans son esprit : « je reviens, j’ai un truc à faire en urgence ».

Patrick venait de recevoir ce jour un courrier remis par un huissier où il était inscrit « CITATION A COMPARAITRE ».

L’affaire refaisait surface et ses ennuis ne faisaient que commencer.

J-28 :

Patrick : « Maître, je vous confirme qu’ils étaient deux dans le véhicule et que lorsque le policier a réalisé la confrontation je n’ai pas reconnu l’homme qui conduisait le véhicule de devant qui a réalisé au dernier moment la manœuvre d’évitement. ».

Patrick : « C’est impossible que je me sois trompé, il y avait deux personnes de type africain et l’officier m’a confronté à un homme de type maghrébin avec un véhicule différent de celui qui a été impliqué ».

Patrick avait effectué de longues recherches afin d’obtenir les coordonnées d’un avocat qui pouvait le sortir de cette affaire. Plusieurs connaissances dont un policier et un gendarme lui avaient recommandé les services de cet avocat qui faisait des miracles en droit routier…

Me BENEZRA : « Je ne suis qu’avocat et non magicien, si lors de la confrontation l’homme n’a pas reconnu avoir déboité au dernier moment et de surcroit a indiqué que c’est vous qui étiez devant lui, puis aujourd’hui j’apprends que c’est un usurpateur, l’affaire m’apparaît complexe mais c’est en cela que votre dossier est intéressant. »

Me BENEZRA : « Nous allons récupérer la copie du dossier pénal et rechercher les incohérences pour comprendre la chronologie des événements… »

J-20

Patrick : « Allo maître mon audience approche, j’ai peur, je n’arrive plus à dormir j’ai des insomnies, j’ai lu beaucoup de choses sur internet, il paraît que je risque 5 ans d’emprisonnement. ».

Me BENEZRA : « A trop lire internet on devient coupable tout comme lorsque l’on consulte internet dès lors que l’on a une petite douleur pour penser que l’on est atteint par une maladie grave. Non monsieur, vous ne risquez pas 5 ans… mais 7 ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amendes car le procureur de la République vous poursuit pour homicide involontaire avec une circonstance aggravante, le franchissement du feu rouge clignotant »

Patrick : « Mais non maître, je vous l’ai dit je suis passé au vert, le témoin est un menteur, d’ailleurs ce n’était pas lui, je suis victime d’un complot, je deviens fou »

Me BENEZRA : « Monsieur, je vous ai indiqué ce que vous risquiez et non la peine à laquelle vous allez être condamné. »

J-14

Me BENEZRA : « Monsieur, nous avons récupéré le dossier, nous l’analysons et vous recontactons sous 7 jours pour vous faire un compte rendu et pour vous briefer. »

Patrick : « Alors dites en moi un peu plus, je ne tiendrai pas aussi longtemps, on peut se voir ? »

Patrick se souvenait comment les contacts avec l’avocat étaient brefs, et cela malgré les 5000 euros versés, somme qu’il avait pu réunir grâce à ses oncles et tantes. »

Me BENEZRA : « Monsieur, laissez nous faire notre travail, je dois perdre du temps sur le dossier et non à vous convaincre de me faire confiance ».

J-7

Me BENEZRA : « Il faut qu’on se voit, il y a du nouveau »

J-2

Patrick : « Maître, je suis très inquiet, mon procès est dans 3 jours, qu’est ce que je vais devenir ? »

Me BENEZRA : « Nous allons plaider la relaxe, le dossier ne tient pas la route, le témoin ment et nous en avons la preuve, vous êtes bien passé au vert et il semblerait que la manœuvre d’évitement a été réalisée parce que le conducteur devant vous conduisait trop vite. Nous ne pouvons vous apporter plus de détails quant à notre façon de travailler, mais il faut savoir une chose, nous allons vous briefer sur toutes les hypothèses envisagées, les questions éventuelles des magistrats et des avocats. Alors, par où commençons-nous ?… »

J-1

Patrick : « Allo Maître, j’ai bien compris tout ce que vous m’avez dit hier mais j’ai une dernière question : qu’est ce qui se passe si notre stratégie échoue ? Je suis terriblement stressé. »

Me BENEZRA : « Tout est cohérent, il faut y croire, nous avons beaucoup travaillé ce dossier et personne ne pourra soutenir une thèse adverse sans recevoir nos observations qui placeront le doute au centre du procès…et le doute, profite toujours au prévenu. Vous allez être relaxé du chef d’homicide involontaire car vous n’avez commis aucune faute Monsieur. Il va falloir en revanche se battre, nous allons contre la morale même si nous faisons du droit. »

J-0

Maître Michel BENEZRA :

« Madame le Président, Mesdames du Tribunal,

Quelques mots pour la défense de Patrick XXX dans ce dossier sensible, dans ce dossier où pas moins de trois versions des faits ont été confrontées, dans ce dossier où le doute s’est installé au fur et mesure que le prévenu a répondu à toutes les questions posées sans tenter d’échapper à ses responsabilités.

Madame le Président, nous sommes quelques uns dans cette salle, qui, par nos choix, nos décisions, nos expériences, avons été confrontés à d’autres accidents de la route et nous disposons alors du recul nécessaire pour apprécier les circonstances.

Madame le Président, il va falloir avoir tout le courage nécessaire dans ce dossier à rendre une décision de justice et non une décision de vengeance, il va falloir… »

Pas d’autorisation de publier intégralement la plaidoirie de décembre 2013 devant le tribunal correctionnel de CRÉTEIL – elle a duré cependant 20 minutes. 

Pour aller plus loin, consultez : la FICHE HOMICIDE INVOLONTAIRE et notre PAGE HOMICIDE INVOLONTAIRE

BENEZRA AVOCATS

2018-04-27T11:21:00+01:00
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